Étant donné les conséquences du décrochage sur l’individu et la société, les facteurs de risque, doivent être mieux connus des professionnels de l’intervention (enseignants, CPE, infirmière, directions des écoles, etc.).
Certains facteurs de risque tels les caractéristiques psychologiques de l’élève sont à prendre en compte car comme le souligne Henri Danon-Boileau : « On sait comment l’adolescence marque une époque spécifique de maturation de la personnalité dans un climat de mutation volontiers bruyantes, d’investissements et désinvestissements massifs, soudains, souvent incompréhensibles ou inacceptables par l’entourage, oppositions, emballements, ou refus qui traduisent les efforts d’un être en devenir, en quête de son identité[1] ». Dès lors, il nous semble indispensable d’avoir constamment à l’esprit cet aspect essentiel de la construction de la personne si l’on veut accompagner l’élève, car les désinvestissements qu’évoque l’auteur sont une des résultantes constatés sur la scène scolaire, en termes de décrochage de l’intérieur, notamment.
Rappelons que pendant la puberté, l’enfant est en quête de repères extérieurs à lui-même, qui peuvent l’aider à être soi. Pendant cette phase, ses besoins vitaux sont de l’ordre de l’affectif et de l’émotionnel plus que de l’ordre du cognitif. En effet, les pulsions sexuelles suscitent des besoins nouveaux chez l’adolescent, comme le souligne Anna Freud et Mélanie Klein, et les transformations somatiques déstabilisent l’image du corps. Il est donc confronté à une série de pertes ou d’éléments nouveaux. Cette période correspond également à une remise en cause de certains acquis antérieurs. Lorsque l’équilibre interne de l’enfant n’a pas lieu, le conflit émergeant aboutit pour beaucoup d’élèves à une crise d’adolescence qui se manifeste par exemple, par le repli de soi ou des comportements exubérants. A ce titre, les adolescents s’expriment de différentes formes. Avec le corps : scarifications, troubles du comportement alimentaire, tenues hyper-sexualisées, tentative de suicide. Ces expressions permettent à l’adolescent de faire face aux bouleversements liés à la puberté ; elles participent à la construction identitaire de l’enfant. Toutefois, elles peuvent signifier un mal- être qui peut se répercuter sur le plan scolaire par des attitudes déviantes : incivismes, insultes, violences, absentéisme, etc., ouvrant, ainsi la porte aux processus du décrochage de l’intérieur. C’est pourquoi et compte tenu que nous avons face à nous des jeunes aux choix et aux personnalités encore mal définis, un accompagnement et un suivi individualisé par les acteurs de la communauté éducative concernés pourraient remobiliser les élèves situés à la marge du système scolaire. A ce titre, par exemple, Potvin et al. (2006) rapportent que la présence d’un enseignant disponible et bienveillant améliore l’adaptation de l’apprenant par rapport aux enjeux scolaires. Il soulève qu’une bonne relation enseignant-élève peut se révéler un levier de protection contre le risque de décrochage.
L’école par son organisation et sa gestion a un impact sur les performances scolaires des élèves. Sans exclure bien sûr la part individuelle de l’élève, l’influence de l’environnement scolaire sur la réussite (Janosz et al., 1998) : « suggèrent que l’école, en tant que milieu de vie, reste l’un des principaux déterminants de la persévérance scolaire ».
Rumberger (1995) la qualité de l’environnement scolaire serait davantage déterminante pour les élèves à risque qui sont peu soutenus dans leurs efforts de scolarisation ; bref, le cadre scolaire exerce une influence importante sur les élèves vulnérables.
Les études longitudinales sur le fonctionnement familial montrent que les enfants dans les familles où les parents qui valorisent peu l’école et s’impliquent peu dans l’encadrement scolaire de leur enfant ont plus de risques de décrocher (CTREQ, 2002).
[1] H. Danon-Boileau (2002), Les études et l’échec, Payot, Sciences De L’homme, p. 256
Exercice d’application
Quels éléments significatifs sont associés au décrochage scolaire et pourquoi ?
Concernant Les conséquences possibles Janosz (2000) rapporte que les adolescents qui ont interrompu leurs études ont plus de risques d’éprouver des problèmes d’ordre social, économique et sanitaire.
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Exercice d’application
Pourquoi le décrochage interpelle-t-il les pouvoirs publics et la société ?
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